A l'essai : Chris-Craft Capri 21

Chris-Craft est un chantier américain mythique au point de figurer dans les dictionnaires de la langue française. Le Capri 21 célèbre un héritage plus que centenaire, en s’inspirant des modèles des années vingt aux années cinquante. Pour preuve, le retour de l’étrave verticale avec pièce d’étrave chromée, incontournable sur les Chris-Craft en bois de l’époque. Le Capri est la version pontée du Carina lancé en février à Miami. Mais le chantier ne s’est pas contenté de couvrir le bow-rider du Carina, il a avancé le pare-brise pour que le cockpit soit un peu plus long. La carène reste strictement la même. Comme pour tous les Chris-Craft, le client a le choix entre différentes couleurs pour la coque et le pont : bleu saphir, sable, gris métallisé, graphite, onyx, rouge, etc. Le gel-coat reçoit d’abord un primaire, puis une peinture de polyuréthane automobile de DuPont. Viennent ensuite trois couches de vernis, chacune sablée et polie pour obtenir un brillant final assez exceptionnel. Les pièces en inox (étrave, feu avant, grilles d’aération du moteur) sont faites sur mesure pour ce modèle.

Pas d’échappements aériens en France

Le Capri a le charisme d’un coupé sport automobile néo-rétro, et de beaux arguments mécaniques – un 320 chevaux V8 Volvo pour le bateau de notre essai, avec échappements aériens déviables sous l’eau par un bouton sur le tableau de bord, une fantaisie interdite en Europe où la réglementation RCD (Recreational Craft Directive) est stricte sur le niveau sonore. C’est presque dommage car le rugissement du V8 est indispensable sur un bateau de ce type. Outre-Atlantique, les échappements restent silencieux au port, puis sont basculés en mode aérien dès que la distance devient raisonnable avec les habitations. Avec trois personnes à bord et le plein de carburant, nous avons dépassé les 48 nœuds. Malgré une longueur inférieure à 6,50 mètres, le Capri supporte bien cette vitesse. À bord, les sensations sont amplifiées par la position très basse sur l’eau. Le meilleur comportement dans le petit clapot est obtenu en trimant l’embase Duoprop au neutre (zéro). Il faut être assez pointilleux sur le dosage du trim ; trop de positif entraîne la carène dans un tangage rythmique inconfortable pour tout le monde. En virage, l’accroche est impressionnante et nous n’avons pas constaté de ventilation. Les reprises sont musclées, avec un déjaugeage qui s’effectue en une poignée de secondes. Le V est de 18 degrés soit deux degrés de moins que pour le Silver Bullet et le Launch 20.

Le Capri est donc bel et bien destiné aux eaux abritées. Le poste de barre très confortable renforce l’esprit coupé automobile.

Maxi format pour le bain de soleil

Le fauteuil capitonné, réglable d’avant en arrière et pivotant, est en Vinyl antitache et anti-UV Silvertex, comme toute la sellerie du bord. Les personnes de plus de 1,65 mètre dépasseront d’une tête le pare-brise ; accoudoir, commande de gaz tombant parfaitement sous la main et repose-pied en teck rendent le pilotage parfait. Même le volant en acajou réglable possède un moyeu sur roulement à billes pour que le logo Chris-Craft reste toujours à l’horizontale, sans compter la planche de bord en aluminium brossé de style aviation : la grande classe ! La finition Héritage du bateau de notre essai est complète : teck sur la plage de bain, sur le capot moteur, dans l’intégralité du cockpit et sur le pont avant. Pour la finition standard, seuls les repose-pieds, les marches de cockpit et quelques notes à l’avant comportent du teck. « Nous avons voulu offrir un grand bain de soleil malgré la taille du bateau », explique Stephen Julius, PDG de la marque. Promesse tenue puisque l’espace farniente mesure 1,82 mètre de long par 1,69 mètre de large avec la rallonge centrale. Ce solarium est bordé par une très belle main courante en acajou et en inox. Quant aux grilles en inox de ventilation de la cale moteur, elles semblent empruntées à l’univers Ferrari. Malgré l’imposant V8, la cale reste peu encombrée et très accessible pour les interventions mécaniques. Côté rangement, le plancher comprend un coffre à ski pouvant contenir deux paires et, sous le pontage, l’espace avant peut également servir de débarras. Enfin, le mât de ski rétractable, très costaud, disparaît dans la cloison arrière du cockpit. La motorisation de base de 260 chevaux donne assez de puissance pour sortir de l’eau un monoskieur de fort gabarit. Hélas, et c’est une tradition américaine, un gros autocollant hideux est collé à côté du mât pour signaler l’interdiction d’y attacher un parachute ascensionnel ou de l’utiliser pour soulever le bateau...

EN CONCLUSION

Malgré la référence au coupé sport, le Capri s’adresse aussi aux familles, avec cinq vraies assises dans le cockpit. Le bateau sera aussi bien à sa place sur le pont d’un yacht qu’amarré à un ponton sur le lac Léman, ou encore dans le golfe de Saint-Tropez... Chapeau bas au chantier floridien qui perpétue la tradition Chris-Craft avec ce modèle... et avec un grand frère de 25 pieds qui pourrait arriver prochainement.

Cockpit, capot moteur, plage de bain et pontage avant sont en teck sur la finition Héritage. 

Tableau de bord bicolore, volant acajou et fauteuil capitonné... sans oublier la planche de bord en aluminium brossé. 

Les motifs en losange sur la sellerie ajoutent une note rétro. Le solide mât de ski rétractable disparaît dans la cloison arrière du cockpit.